Actuellement en deuil personnellement, je mets en pause mon activité jusqu’à nouvel ordre.

Novembre 2021 – Amiegez, quesaco?

Amiegez signifie sage-femme traditionnelle en breton.
Je suis moi-même arrière petite fille d’amiegez.
Aujourd’hui il est important pour moi d’honorer mes ancêtres et leurs traditions et c’est pour cela que j’ai envie de vous parler de ce qu’était et est une amiegez, en son fort intérieur, en son âme et conscience.

Bien avant que l’obstétrique et le diplôme de sage-femme n’apparaisse en France, il existait des femmes-sages, des sages-femmes, des parteras (sages-femmes traditionnelles) en Amérique du Sud, amiegez en Bretagne…

crédit photo film documentaire « Jats’uts Meyah »

Ces femmes ont toujours fait preuve d’écoute, de bienveillance, de bon sens, et encore d’ECOUTE, leur maître mot, pour accompagner les grands passages de la Vie que sont la naissance et la mort.

→ Dans l’amiegez, les familles peuvent trouver une confidente qui ne craint pas les puissances de la naissance et de la mort, et une figure de mère ou de sœur qui aide chacun.e à se sentir en sécurité et veille constamment sur cette personne physiquement et énergétiquement,

→ Une amiegez de par ses formations et son expérience sait accompagner les personnes en deuil,  en fin de vie, à l’écoute de la personne et de son entourage, du corps d’une personne décédée autant que d’une grossesse et un enfantement physiologiques par voie basse en cas de positionnement du bébé en siège, ou encore repositionner un bébé, ou décoincer une épaule, un cordon autour du cou,

→ Elle connait des remèdes naturels pour répondre aux besoins de la maman pendant la grossesse, le travail et aussi inviter le travail à démarrer, si la date du terme est dépassée par exemple, autant que des remèdes pour accompagner les deuils, soulager les douleurs, se préparer au grand départ,

→ Elle a appris à reconnaître les signes de détresse d’une personne en partance, comme ceux du bébé à venir. Elle sait écouter son cœur et aussi repérer les signes annonçant un départ,

→ Elle sait par palpation reconnaître le positionnement in-utéro du bébé, on peut aussi parler d' »échographie naturelle » (terme créé par Naoli Vinaver, sage-femme mexicaine de renommée mondiale),

→ Elle sait aussi prodiguer des soins d’urgence, accompagner la montée de lait et l’allaitement quand il y a aussi des difficultés,

→  Elle a des connaissances vivantes, au sens où ces connaissances ne sont pas issus que de livres, mais bien d’expériences directes avec le vivant, accompagnée pendant plusieurs grossesses et naissances, fin de vie et partance par une amiegez plus expérimentée et plus ancienne,

→ Si la femme est dérangée par la peur ou le stress, son corps produira de l’adrénaline.
Il en est de même pour une personne en fin de vie.
La production de cette dernière n’est pas souhaitée car elle inhibe l’ocytocine (aussi appelée hormone de l’amour) qui est la principale hormone de l’accouchement et qui permet des départs dans l’amour et la sérénité.
Avec la compagnie d’une autre femme à ses côtés, qui a déjà enfanté et connaît bien la mort, en qui la personne a confiance et dont elle sait qu’elle sera là pour elle, on est plus susceptible de se sentir en sécurité et protégé,
→ De même lorsque le papa, la fratrie, la famille, les amis, les proches sont témoin de la souffrance physique ou émotionnelle de la personne qu’ils aiment, ils peuvent éprouver des sentiments de frustration, d’impuissance ou même de colère, ce qui peut génèrer une poussée d’adrénaline dans le corps de la personne.
Cela alimente les peurs de la maman qui enfante autant que de la personne en partance, et augmente le niveau de stress dans la pièce.
Lorsque la famille voit l’amiegez– avec laquelle il a déjà établi une relation – tranquillement et calmement assises à leurs côtés, imperturbable face à ce qu’elle reconnait être un comportement normal de la part d’une femme en travail ou d’une personne qui quitte ce monde, elle est plus susceptible de comprendre qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter.
Elle peut aussi se sentir autorisée à quitter la pièce quelques instants si elle en éprouve le besoin, sans culpabiliser,
→ Depuis les temps anciens, la tradition de femmes soutenant les naissances et les partances était honorée, l’importance de la personne ‘profane’ (n’ayant pas reçu de formation médicale) n’était pas sous estimée.
L’expérience d’une femme ayant accouché et materné, ayant un savoir autour de la fin de vie et de la mort, ainsi que formée auprès d’autres sages-femmes traditionnelles ayant des connaissances certaines, a été, et peut toujours être utilisée de manière positive pour aider et soutenir tout un chacun vivant un cap important dans sa vie, ainsi que sa famille et son entourage.

Claire MORINIÈRE
claire.moriniere@yahoo.fr
www.clairemoriniere.com